2 juillet 2017 • Concert
En partenariat avec la commune de Condom.
10h – visite libre de l’Hôtel de Polignac* – Condom
11h – Concert à l’Hôtel de Polignac
Gwerzioù et Sonioù, chant traditionnel breton
Le chant traditionnel de Basse-Bretagne est un art de la narration chantée : des histoires en cinémascope, des images et des dialogues percutants, qui n’ont pu nous parvenir que parce qu’ils sont restés pertinents pour chaque génération durant des siècles. C’est aussi une forme essentielle de la musique : le chant solo a cappella, où le chanteur est seul face au temps, à l’imaginaire, à l’espace, à la mémoire.
Nul besoin de s’intéresser à la Bretagne pour être ému, tant Marthe Vassallo aime faire découvrir à tous les publics les beautés de ces chansons. Connue comme une des plus grandes voix de ce répertoire, elle a fait le pari d’une « triple carrière » entre musique bretonne, chant classique et travail de création, qui la fait passer sans transition d’un fest-noz sous un hangar à un Stabat Mater et à une séance d’improvisation avec des danseurs contemporains ; mais elle n’en retire que plus de fascination pour les gwerzioù (les grandes complaintes en breton) et l’aventure de les interpréter.
« D’abord, dit-elle, ça fait rêver, tous ces seigneurs et ces bergères, ces fils de roi et ces brigandes, avec leurs manoirs, leurs chevaux, leurs forêts et leurs navires… Ensuite, il y a le jeu d’équilibriste entre la liberté et la simplicité : on peut faire des choses très complexes puisqu’on est seul, mais chaque chanson a ses propres exigences, et se moque souvent de nos effets de manche. Et puis ce qu’on sait du voyage de la chanson, de qui la chantait, comment, dans quel monde. Et ce mystère de la plus légère chansonnette : comment elle entre en nous, se met à exister, se transforme, comment elle fait partie du tissu de la vie… Beaucoup de gens, aujourd’hui, n’entendent plus de chant a cappella : tout est accompagné, orchestré, souvent caricaturé sous les effets et les compresseurs. Chanter ces chansons, c’est revenir à des puissances élémentaires : la voix, le mot, la ligne mélodique. Et ça fait un bien fou à l’auditeur comme au chanteur – comme toujours quand on découvre qu’on n’a pas besoin d’armure… »
Marthe Vassallo
Considérée comme une grande voix de la musique bretonne d’aujourd’hui, Marthe est sans doute une de ses interprètes les plus aventureuses. Amoureuse du chant traditionnel solo a cappella comme des grandes formes orchestrales, elle navigue du fest-noz au chant classique en passant par le théâtre et la danse, l’improvisation, l’écriture, la recherche.
Née en 1974 et élevée par hasard dans le Trégor côtier, Marthe apprend ses premières chansons en breton à 17 ans, à l’écoute des autres chanteurs et des enregistrements de Dastum. Elle est déjà une interprète traditionnelle reconnue quand, à 22 ans, elle commence à se former au chant classique : « chant populaire et chant classique ? C’est simple : tout ce qui est beau pour l’un est moche pour l’autre ! Mais c’est ça qui est intéressant… »
Outre le bonheur d’une discrète double vie (chœurs de l’Opéra de Rennes, ensemble Mélisme(s), divers petits rôles en soliste…) elle trouve là l’assise technique qui lui permettra de prendre toutes les libertés : musiques actuelles ou improvisées (Bugel Koar, Lydia Domancich, Eric Le Lann…), théâtre et danse contemporains (Christine Rougier), performances solo mêlant parole et musique, sessions de rencontres de toutes sortes – du swing au rock expérimental en passant par le Buto… Mais sans jamais perdre de vue son amour premier pour le chant traditionnel : festoù-noz avec Loened Fall, concerts avec Gilles Le Bigot et Jean-Michel Veillon, trio a capella avec Nolùen Le Buhé et Annie Ebrel, rencontres avec des musiciens africains, jordaniens (avec Gaby Kerdoncuff), irlandais, écossais, gallois… Ou encore avec le groupe Vertigo (Eric Montbel, Bruno Letron) au répertoire de Centre France. C’est aussi avant tout en tant que chanteuse bretonne qu’elle est invitée par l’ensemble de musique médiévale Diabolus in Musica ou par l’Orchestre Symphonique de Bretagne (Bach en Breizh en 2012 et 2013, où elle contait et chantait, et en 2015 la création Beaj Goañv, autour du Voyage d’hiver de Schubert) et qu’elle est désormais artiste associée de l’ensemble vocal Mélisme(s).
Marthe est aussi de plus en plus connue pour sa plume et son sens de l’analyse : chansons, textes de spectacles, commandes d’écriture, interventions en colloque… Elle signe aussi un blog très suivi, et a sorti fin 2015 un livre-disque solo, Les chants du livre bleu (Son an Ero / Petit Festival), récompensé d’un Coup de Cœur 2016 de l’Académie Charles Cros.
Auteur et parfois compositrice, de plus en plus sollicitée comme pédagogue et regard extérieur, Marthe apporte à chaque musique l’expérience acquise dans les autres et dessine peu à peu un parcours hors normes : elle y développe un goût et une conscience aigue du son, du verbe, du rythme, de la scène – en même temps qu’une joie profonde, tantôt grave, tantôt goguenarde, simplement d’être là et de chanter.
*L’hôtel de Polignac
La municipalité de Condom vient de lancer une campagne de mécénat avec le concours de la Fondation du patrimoine pour restaurer l’hôtel de Polignac, classé aux monuments historiques. La particularité de cet hôtel est qu’il abrite une des “plus belles écoles de France”.
Il y a urgence à agir pour restaurer cet édifice. Il est possible de faire un don en ligne sur le lien ci-dessous :
https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/hotel-de-polignac-a-condom